Revenir sur la réforme des retraites ne serait pas seulement un retour en arrière, ce serait un choix catastrophique pour notre pays.
D’abord, cela mettrait en péril notre système solidaire de retraite. Rappelons-le : notre système de retraite fonctionne par répartition, un principe fondamental de solidarité intergénérationnelle. Aujourd’hui, ce système est déséquilibré. En 2024, la branche vieillesse affiche un déficit de 10,5 milliards d’euros, et sans réforme, ce chiffre pourrait atteindre 32 milliards d’euros d’ici 2032. Ces sommes, ce sont les générations futures qui en paieront le prix si nous renonçons à agir.
Sans cette réforme, nous basculerons, tôt ou tard, dans ce que l’on redoute le plus : un système par capitalisation, profondément inégalitaire, où seuls les plus favorisés pourraient prétendre à une retraite décente.
Au-delà de la question budgétaire, abroger cette réforme reviendrait à balayer des avancées sociales majeures :
- La revalorisation des petites pensions : près de 850 000 retraités bénéficient d’un gain moyen de 600 euros par an.
- Les départs anticipés pour les carrières longues, désormais accessibles à ceux ayant commencé à travailler avant 16, 18, 20 ou 21 ans.
- L’instauration de la retraite progressive, permettant à chacun de moduler la transition entre activité et retraite.
- Un fonds pour la prévention de l’usure professionnelle, doté d’un milliard d’euros, pour mieux protéger les travailleurs exposés à des métiers pénibles.
Ces dispositifs permettent non seulement de réduire l’écart de pension entre les femmes et les hommes, qui était de près de 30%, reflet d’inégalités structurelles tout au long de leur vie professionnelle, mais aussi d’offrir une retraite plus digne à celles et ceux qui ont eu des carrières hachées ou à faibles revenus.
La question qui se pose n’est pas simplement celle de travailler plus longtemps, mais surtout de travailler dans de meilleures conditions, tout au long de sa vie professionnelle. Il s’agit de favoriser la santé au travail.
La santé au travail ne concerne pas seulement les accidents du travail et les maladies professionnelles. Elle englobe également le bien-être physique et mental des travailleurs.
Aujourd’hui, un constat s’impose : nous commençons à travailler plus tard, ce qui rend logique un allongement de la vie active. Mais comment envisager de prolonger nos carrières quand l’espérance de vie en bonne santé stagne autour de 65 ans ? Beaucoup de nos concitoyens arrivent à cet âge usés, malades, parfois incapables de continuer, victime d’une carrière professionnelle qui n’a pas suffisamment pris en compte leur bien-être.
C’est ici que notre responsabilité de législateur entre en jeu.
Il ne suffit pas de corriger les déséquilibres financiers de notre système de retraite – ce que nous avons fait -, il faut aussi veiller à ce que chacun puisse atteindre l’âge de la retraite en bonne santé. Et cela passe par une action résolue en faveur de la prévention en santé.
Depuis deux ans maintenant, je défends la mise en œuvre d’une politique systémique, ou industrielle, de prévention en santé. Celle-ci repose sur trois lieux essentiels de la vie : l’école, le travail et les structures d’accueil pour les personnes âgées. Ces espaces doivent devenir des lieux où l’on promeut activement la santé :
- une meilleure alimentation
- un meilleur sommeil
- avec une attention particulière portée à la santé mentale
Ce qu’il nous faut, c’est investir dans le bien-être des salariés, redonner à chacun le goût du travail et la perspective d’une retraite en pleine possession de ses capacités.