Contribution apportée à la concertation préalable de la révision N°3 du PLU-H de la Métropole de Lyon.
La Métropole de Lyon est compétente concernant l’urbanisme et l’habitat sur les 59 communes de son périmètre et consulte ses habitants; nous nous en félicitons.
En tant que député de 9 communes de l’ouest et du sud-ouest de la métropole de Lyon, je souhaite apporter ma contribution.
- La Métropole propose de concerter sur le PLU-H
En fait, il s’agit d’une concertation sur ses intentions (et nous les connaissons) et non sur les décisions qu’elle compte prendre. Cette concertation citoyenne sur ses intentions est sympathique mais celle-ci sera suivie par des propositions de modifications concrètes du PLU-H : nous sommes donc en attente, avant de faire des observations, de l’enquête publique qui devrait se dérouler en 2022.
Ma première remarque est que le dossier de concertation ne reprend qu’en partie les objectifs votés par le conseil de Métropole du 15 mars 2021 “Plan local d’urbanisme et de l’habitat (PLU-H) de la Métropole de Lyon – Modification n° 3 – Définition des objectifs poursuivis et des modalités de concertation préalable”. Délibération n° 2021-0532 (CF annexe).
- Cette concertation proposée avant la modification n°3 du PLU-H est, en fait, une modification déguisée du PADD (Plan d’Aménagement et de Développement Durable)
En effet, le PADD voté le 13 mai 2019 s’appuie sur 8 orientations :
- Aller vers une organisation urbaine et des mobilités plus économes d’espaces et d’énergie, limitant les gaz à effet de serre,
- Développer l’agglomération en faisant projet avec la trame verte et bleue et en renforçant la présence de la nature en ville,
- Aménager un cadre de vie de qualité en alliant valeur patrimoniale, nouvelles formes urbaines et offre de services et d’équipements,
- Améliorer la prise en compte de la sécurité et de la santé dans l’organisation du développement urbain,
- Développer l’offre de logements à prix abordables, selon un principe de mixité sociale,
- Favoriser le maintien et le développement des activités économiques diversifiées « dans la ville »,
- Organiser un développement commercial équilibré et durable,
- Accompagner et valoriser l’activité agricole périurbaine.
La concertation ne parle plus de 8 orientations mais de 4 défis ! Le dossier de concertation le montre et l’annonce avec clarté : 2 axes sont priorisés (les défis environnementaux et sociaux) et deux sont mis en retrait : les défis métropolitain et économique).
La qualité de la politique menée depuis plusieurs décennies a permis un développement harmonieux de notre Métropole, en respectant l’économie, l’environnement et le social.
Notre métropole était attractive et accueillante pour ses nouveaux habitants (150 000 en 10 ans) et les entreprises.
Le développement économique et démographique permettait de financer des infrastructures et des équipements culturels, sportifs et sociaux, et de mener une politique de solidarité entre ses habitants et entre ses communes.
Mais quel type d’évolution pour notre Métropole voulons-nous ?
A – Les « défis » environnementaux et solidaires
Bien évidemment, il nous faut apporter une vision plus environnementale à notre Métropole. Les décisions votées par la majorité à l’Assemblée nationale (Loi d’Orientation sur les Mobilités et Loi Climat, Plan de relance) vont permettre d’accompagner et de financer ces évolutions nécessaires :
- Plan vélo (extension de la prime à la conversion voiture électrique au vélo…)
- Territoire zéro chômeurs
- Les Zones à Faibles Émissions (ZFE)
- Les aides à la transition écologique pour les entreprises, les particuliers et pour la rénovation de logements sociaux
- Division par deux du rythme d’artificialisation des sols…
B – Les « défis » métropolitains et économiques
Souhaitons-nous une Métropole se repliant sur elle-même et menant une politique d’urbanisme ne permettant pas l’accueil de nouveaux habitants et entreprises dans son périmètre ?
Une contradiction majeure : comment construire du logement social sans densification verticale urbaine tout en souhaitant respecter (et même développer) des espaces verts et agricoles ?
De fait, la nouvelle gouvernance de la Métropole, souhaite-t-elle un développement qui :
a ⁃ Renvoie ses habitants à l’extérieur de ses frontières, toujours plus loin avec un étalement d’un urbanisme individuel qui « mite » les campagnes et les zones rurales qui nous entourent et nous nourrissent ?
Les professionnels du bâtiment annoncent déjà une baisse d’un tiers des réservations de logement neuf sur Lyon pour le 1er trimestre et soulignent les effets de la pénurie sur les prix en hausse (6,2% sur un an); pire encore la construction de logements sociaux est en baisse de 24%.
En parallèle, on constate un report de construction de logements collectifs en grande périphérie avec une augmentation de 50% !
b ⁃ Demande de développer des infrastructures routières et ferroviaires pour des déplacements pendulaires toujours plus loin ?
c ⁃ Incite les entreprises à s’installer dans d’autres collectivités avec des pertes de recettes pour la Métropole ?
Le dossier de concertation nous donne le sentiment que les arbitrages entre les différentes tendances politiques de la majorité métropolitaine (vert-rose-rouge) n’ont pas été faits.
C’est pour cette raison, qu’au-delà de ses intentions sympathiques, nous attendons les arbitrages et les décisions concrètes que l’exécutif souhaite apporter au PLU-H, pour savoir si les 2 premiers défis permettent de développer les 2 suivants.
C – Ma contribution en tant que Médecin, président du groupe de travail sur la Prévention-santé
« Un urbanisme pour la santé, c’est une ville pour les habitants ; son « état de santé » est étroitement lié à celui de ses habitants »
Pour une politique de santé transversale : les déterminants de la santé sur lesquels doit agir l’urbanisme sont :
- L’aménagement et le cadre de vie – Lutter contre le bruit – Pour la sécurité et la tranquillité. Un habitat sain (construire et réhabiliter avec qualité, accéder à la lumière) – l’aménagement, la qualité de l’espace urbain et l’incitation à des modes de transports doux et la marche
- Les milieux et ressources – La qualité des ressources environnementales et veiller à la qualité de l’air (ventilation) – la gestion et le traitement des déchets et effluents – la préservation de l’environnement naturel – l’agriculture et l’alimentation – l’adaptation au changement climatique
- Les structures sociales et économiques – L’accessibilité aux services, équipements, activités que sont les écoles, les structures sportives et culturelles – le développement économique et l’emploi – la cohésion et l’équité sociale
D – Ma contribution en tant que député de l’Ouest et du Sud-ouest de la Métropole
La place des gares est au centre des principes de densification de l’habitat énoncés lors du conseil de la Métropole du 15 mars 2021.
Le nombre de gares est important sur la circonscription : Tassin, Francheville, Oullins, Pierre-Bénite, Irigny et Vernaison et donc devraient donner lieu à la densification de leurs abords. Pour qu’elle soit harmonieuse, cette densification doit être pensée et accompagnée autour des pôles multimodaux et des stations de métro. Les communes de l’ouest (Val d’Yzeron) et les communes du sud (Lônes et coteaux) doivent élaborer chacune une stratégie commune de développement.
Elles partagent plusieurs enjeux :
- Mobilité : créer un maillage cohérent du territoire avec le Métro B, bientôt inauguré, et le Métro E dont je souhaite la réalisation. Seul moyen de transport collectif minimisant l’emprise au sol et ne créant aucune nuisance visuelle et sonore, répondant ainsi parfaitement aux objectifs énoncés.
- Ceinture verte et PENAP : Le cadre de vie revêt une importance toute particulière pour les habitants des espaces périurbains, venus pour la plupart par choix et non par dépit.
Le but n’est pas d’empêcher la création d’habitat mais de pouvoir les faire cohabiter.
Encourager la création :
- D’exploitations agricoles sur les terres irriguées (classées PENAP), pour assurer une capacité de production alimentaire à proximité des zones à forte densité de population, avec de l’activité agricole périurbaine
- D’espaces verts et de détente notamment autour du fleuve et des rivières.
Éviter le mitage des zones vertes en densifiant les centres, pour préserver le cadre de vie et les circuits courts.
- Habitat social : les communes font l’objet d’un arrêté de constat de carence, elles ne peuvent rattraper leur retard que si elles bénéficient d’infrastructures de mobilités pour accueillir leurs nouveaux habitants.
- Économique : l’ouest doit être un pôle attractif pour ne plus uniquement constituer une zone résidentielle, entraînant d’une part un flux pendulaire important et d’autre part des besoins auxquels les communes ne peuvent plus répondre dans de bonnes conditions (une demande de périscolaire aux amplitudes horaires de plus en plus grandes…) Jusqu’à maintenant, le développement économique se structurait autour de deux grands pôles TECHLID au nord et Brignais au sud. Il est nécessaire de penser une nouvelle zone permettant d’accueillir des entreprises à caractère scientifique (bio-technique axé sur la santé), de transformation agricole (alimentaire) sans oublier de conserver des espaces pour l’artisanat.
Le sud-ouest de la Métropole de Lyon est à envisager comme une zone en devenir à part entière, tant au niveau économique que social, avec des coeurs de ville attractifs reliés par un réseau de transport adapté.