MA RÉACTION AUX ANNONCES DU PREMIER MINISTRE
Paris, le 15 juillet 2025
Depuis 50 ans, le budget de la France souffre d’un déficit chronique, une dérive à laquelle nous nous sommes habitués. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus ignorer la gravité de la situation. Avec une dette qui s’élève à plus de 3 300 milliards d’euros, il est urgent de reprendre le contrôle sur nos finances publiques.
En matière de santé, nous avons bâti un système unique, protecteur, mais qui a peu à peu effacé le coût réel de la santé.
Qui accepterait de dépenser plusieurs centaines d’euros pour un trajet en taxi de 100 kilomètres aller-retour ? L’Assurance maladie.
Qui connaît le vrai prix des médicaments, prix qui n’est pas le prix réel et qui n’est plus indiqué sur la boîte mais au dos de l’ordonnance ? Ni les patients, ni les professionnels de santé, ni les pharmaciens.
Cette dissociation entre usage et perception du coût a conduit à une déresponsabilisation généralisée…
- Des patients, bercés par l’illusion de la gratuité grâce au tiers payant ;
- des professionnels de santé, qui prescrivent sans connaître les coûts et les conséquences budgétaires de leurs décisions sur les finances publiques ;
- des responsables d’hôpitaux qui ne sont pas évalués en fonction de l’activité et des résultats de leur établissement dont le budget est souvent en déficit chronique.
Ce système de santé n’est plus ni régulé ni maîtrisé.
Ce mardi 15 juillet, le Premier ministre a présenté deux plans d’action : un plan de retour à l’équilibre des finances publiques d’ici 2029, et un plan de relance de la production. Plusieurs mesures concernent le système de santé, avec un objectif clair : 5 milliards d’euros d’économies.
Travaillant depuis plusieurs années sur ces sujets et ayant fait des propositions au Premier ministre, je soutiens pleinement ces annonces.
1°) Sur la prévention en santé, je le dis depuis longtemps : pour préserver notre système, nous devons agir sur les comportements de santé, à tous les âges et dans tous les lieux de vie. Éduquer, dès le plus jeune âge et tout au long de la vie ; informer avec le NutriScore, le Mois Sans Tabac, le Mois Sans Alcool ; contraindre par la fiscalité incitative pour que les comportements favorables à la santé soient davantage accessibles que les comportements défavorables.
À l’automne, je proposerai des mesures concrètes pour la mise en place d’une politique industrielle de prévention en santé afin de produire des actions évaluées et ciblées.
2°) Sur la responsabilisation, la réforme des affections de longue durée (ALD) va dans le bon sens, mais il nous faut aller plus loin. Je propose de réserver le tiers payant aux bénéficiaires des minimas sociaux, et de rémunérer les professionnels de santé non plus sur le volume, mais sur la performance et la qualité des soins.
3°) Enfin, sur la fraude, un projet de loi sera présenté à l’automne pour mieux lutter contre la fraude sociale, dont le montant s’élève à 13 milliards d’euros par an. Je me réjouis de ce plan structuré car nous ne pouvons plus nous contenter de mesures dispersées, votées chaque année dans les lois de financement.
Là encore, je proposerai au Gouvernement des mesures pour renforcer la coopération entre l’Assurance maladie obligatoire et l’assurance maladie complémentaire en matière de lutte contre la fraude et permettre aux caisses de Sécurité sociale de verser des pensions sur des comptes bancaires ouverts par des établissements de crédit implantés dans l’Union européenne.
Cyrille Isaac-Sibille