Cyrille Isaac-Sibille prend la parole lors d'une commission des Affaires sociales à l'Assemblée nationale.

Notre système de santé est en surchauffe car il fait face à une explosion  de la demande de soins (que l’offre ne pourra jamais satisfaire) liée à une augmentation incontrôlée des maladies chroniques à l’origine de 80% des dépenses de santé.

Or beaucoup de ces maladies chroniques sont des maladies évitables.

Elles sont liées à des déterminants de santé défavorables qui, pourtant, peuvent être corrigés. Ces déterminants sociaux et éducatifs expliquent les inégalités de santé et la perte de 13 années d’espérance de vie pour les moins chanceux !

Si nous voulons sauver notre système de soins et réduire ces inégalités, une politique systémique de prévention doit impérativement et rapidement se mettre en place.

Pour ceci, tous les acteurs doivent se concentrer sur quelques priorités, se donner des objectifs et définir des indicateurs pour évaluer cette politique.

Beaucoup de déterminants (modes de vie, alimentation, activité physique, …), de nombreuses pathologies liées à des facteurs de risque, nous poussent à fixer 2 priorités : 

  • la surcharge pondérale/obésité 
  • la santé mentale.

L’ensemble des politiques (santé, éducation, alimentation, urbanisme, mobilités,travail, …), l’ensemble des acteurs (professionnelles de santé ou non), l’ensemble des financeurs (publics ou privés) doivent partager ces objectifs et collectivement agir collectivement et de manière coordonnée.

Une méthode et des outils évalués et probants peuvent être mis à disposition de tous les acteurs. L’utilisation et la mise en commun de données doivent permettre de suivre et évaluer cette politique. Contrairement à certaines idées reçues, comme nous le montre l’expérience de plusieurs pays, cette politique peut porter des fruits en seulement quelques années.

Garantir l’accès aux soins à tous n’est pas suffisant si la qualité des soins ne réunit pas les conditions matérielles et intellectuelles nécessaires pour accueillir les patients dans nos établissements de santé. 

L’accompagnement et le suivi des personnes séniors est une priorité, cependant ils ne peuvent pas être garantis. Le manque de personnels soignants et d’informations sur la santé sont les principales problématiques pour les patients comme pour le corps médical. Les inégalités sociales en santé n’ont donc cessé de s’accroître car l’accès aux soins n’a pas été égalitaire. 

L’industrialisation de la prévention est une réponse sur laquelle nous pouvons nous appuyer. Par exemple : notre système de santé a, lors des campagnes de vaccination contre la covid-19, su réévaluer et s’adapter aux résultats récoltés sur les avantages de la vaccination sur les populations les plus fragiles. Cette mise en place est passée par des campagnes de prévention impactante et capable de s’adapter aux besoins des populations.

La chaîne industrielle de la prévention doit répondre aux déterminants de santé et aux facteurs de risques individuels tout en ayant une approche populationnelle. Les comportements de santé adoptés par les français sont liés à leurs environnements. Il est important de reconstruire un schéma propice au développement de nouvelles habitudes pour soulager notre système de santé des maladies chroniques. 

Notre système de santé doit fournir des ressources établies en fonction de l’âge et de l’environnement de ses patients pour pouvoir les orienter et les accompagner.

Depuis 1945, l’Assurance maladie a su organiser et financer la « production de soins ». Aujourd’hui, nous devons passer à une « production de santé », à une « industrialisation » de la prévention !

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