Première matinée parlementaire du 14 décembre 2022

Créer une coalition des acteurs

Pour accélérer la mise en place d’une politique opérationnelle

L’ambition de cette première journée parlementaire, en réunissant l’ensemble des acteurs impliqués, est de faire émerger un consensus et proposer une feuille de route faisant converger l’ensemble des politiques de la Prévention en santé et de promotion de la Santé. Il est temps d’aller au-delà de la promesse émise par les ordonnances de 1945 de prendre en charge les soins individuels, et de faire une nouvelle promesse à nos concitoyens, celle de vivre en bonne santé le plus longtemps possible.

Pour cela, il est nécessaire d’appréhender la santé plus largement que la seule approche sanitaire ou médicalisé. Il faut agir simultanément sur l’ensemble des déterminants de santé, qu’ils soient socio-économiques, environnementaux, comportementaux, grâce à des actions universelles associées à des actions ciblées afin « d’aller vers » les populations qui en ont le plus besoin. C’est donc bien une approche systémique qu’il faut engager dès maintenant.

Nous vous proposons d’écrire une feuille de route opérationnelle permettant à tous les acteurs en charge de la santé, de l’éducation, de l’alimentation, de la mobilité, de l’activité physique et du sport, institutionnels ou associatifs, publics ou privés, de s’impliquer pour définir :

Un cadrage national avec :

  • Un pilotage qui définit une stratégie globale de prévention en santé,
  • Des objectifs définis et des priorités données (y compris dans le champ de la santé mentale),
  • Une coordination chargée de donner l’impulsion concrète de cette politique,
  • Des financements publics et privés en faveur de la prévention en santé,
  • Un partage des datas et des données de santé,
  • Un centre d’évaluation des actions et initiatives déployées grâce à des indicateurs,
  • Des actions et un réel programme de recherche.

Une déclinaison territoriale avec :

  • Une coordination des acteurs locaux,
  • Une action dans toutes les politiques,
  • Des financements croisés,
  • Des formations aux métiers de la prévention en santé au plus près des territoires (rôle des soignants, des préventeurs, des enseignants, des médiateurs…).

Ces propositions devront être rassemblées et restituées dans les mois à venir. Elles pourraient être versées au débat proposé par le Conseil National de la Refondation.

AXES DE RÉFLEXION

Notre réflexion peut se découper autour quatre axes :

  • Déterminer un cadrage national avec des objectifs définis.
  • Agir dès le plus jeune âge pour renforcer la littératie en santé afin de favoriser l’émergence d’une culture de la santé.
  • Agir dans les lieux de vie, de soins et de travail, pour améliorer la santé physique et mentale des actifs et dépasser la prise en compte de la santé au travail autour des seules notions d’ATMP.
  • Agir en amont de la perte d’autonomie auprès des personnes âgées afin de leur garantir une retraite heureuse en bonne santé.

AXE 1

Un cadrage et un pilotage nationaux, une coordination, des objectifs, des priorités fixées et suivies grâce à des données de santé

La prévention se définit comme l’ensemble des actions préventives, curatives, éducatives et sociales menées dans le but d’éviter ou de réduire l’apparition, le développement et la gravité des accidents, maladies, handicaps, pouvant toucher tout ou partie de la population. Pour construire une politique en faveur de la prévention et de la promotion de la santé, il est indispensable d’en définir les termes et d’avoir une vision systémique des règles afférentes, au moyen notamment d’une codification au sein du code de la santé publique et d’une cohérence entre les différentes politiques. Plus simplement, il faut agir sur l’ensemble des déterminants de la santé dans une population.

Elle doit faire l’objet d’un portage politique national, transversal, sur du court, moyen et long termes, grâce à des acteurs en capacité de définir une stratégie nationale, des priorités et objectifs selon des indicateurs, avec un recensement et une évaluation des actions ainsi qu’une labellisation des acteurs.

La mise en œuvre d’une politique de prévention doit se concevoir sur le court et le long terme et s’appuyer sur des financements annuels et pluriannuels inscrits dans la loi, garante de la permanence de l’action publique dans ce domaine.

Le partage des données entre les différentes branches de la Sécurité sociale, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et les organismes complémentaires de santé doit être encouragé et amplifié afin de mettre en œuvre des actions ciblées et l’approche populationnelle.

AXE 2

Agir dès le plus jeune âge

Pour que la prévention entre dans notre quotidien et constitue un pan de la citoyenneté, elle doit être inculquée dès le plus jeune âge, à l’école primaire et dans les lieux d’activités périscolaires. Il s’agit de développer une culture de la santé que l’enfant conservera et développera tout au long de sa vie et qu’il pourra diffuser auprès des individus qui l’entourent.

L’acquisition de cette littératie en santé est l’affaire de tous et nécessite une coordination des acteurs territoriaux de la santé et d’éducation mais aussi des collectivités. Elle nécessite dons la formation des enseignants et des acteurs du périscolaire comme des élus.

AXE 3

La prévention primaire en faveur des actifs

Le renforcement de la prévention en santé auprès des actifs regroupe en réalité plusieurs champs d’action.

Tout d’abord, elle nécessite d’aller au-delà de la vision de la bonne santé au travail entendu comme l’absence d’accidents du travail et de maladies professionnelles pour prendre désormais en compte le bien-être physique et mental du salarié et de son employeur, facteur d’épanouissement professionnel, de réduction des ATMP, de diminution de l’absentéisme et de renforcement de l’attractivité d’une structure. Là encore, il s’agit de promouvoir la santé d’un individu par une acculturation qui dépasse largement la prévention liée à l’activité professionnelle, au premier rang desquels les soignants.

Le lieu de travail est propice aux actions globales de prévention (alimentation, vaccination, sensibilisation) en raison du temps passé sur le lieu de travail et du lien de confiance qui peut unir un salarié à son entreprise.

Former les salariés aux actions de prévention dans tous les domaines permettra l’émergence d’une filière d’experts de la prévention, d’un métier de « préventeur » intégré dans les entreprises et administrations, favorisant la littératie en santé et les innovations industrielles en ce domaine.

Atteindre ces différents objectifs implique une mobilisation du milieu du travail sur les problématiques de prévention, de déterminer des actions pertinentes à mettre en place au sein des branches et des entreprises, et de financer ces actions en intégrant la notion de retour sur investissement.

AXE 4

La prévention primaire pour sauvegarder l’autonomie

Le vieillissement de la population française et l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques (augmentation des ALD et des dépenses consacrées aux maladies chroniques) ont conduit progressivement la France à avoir une espérance de vie en mauvaise santé parmi les plus longues des pays européens et de mortalité prématurée évitable parmi les plus élevées. Au regard des difficultés de notre système de santé à faire face à ces nouveaux défis, il existe un véritable enjeu de prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées ou avançant en âge (dès 50 ans). Il s’agit d’un enjeu à la fois sanitaire et social : prévenir la perte d’autonomie implique des actions de prévention ciblées, un repérage précoce, des fragilités et préfragilités d’une personne, de mettre en œuvre une politique du logement permettant l’adaptation progressive des logements, des actions permettant le maintien du lien social et intergénérationnel et une politique sociale permettant un accompagnement à chaque étape des handicaps liés au vieillissement.

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